mercredi 4 octobre 2017

Donville. La Herberdière. Des espèces protégées dans la zone de construction. Manche Nature écrit au préfet.


A Coutances, le 30 septembre 2017
Monsieur le Préfet
Place de la Préfecture
BP 70522
50002 Saint-Lô Cedex

LR – AR n°

Objet :
Police administrative spéciale – protection des espèces protégées et leurs habitats (L. 411-2 C. Env.) -  ZAC de la Herberdière – Donville les Bains

         Monsieur le Préfet,
        
Il a été décidé par le conseil municipal de Donville-les-Bains la création d’une zone d’aménagement concertée (ZAC) sur la commune, dite ZAC de la Herberdière.
        
Une concession d’aménagement a été signée entre la commune de Donville-les-Bains et la Société Foncim et portant sur l’aménagement de cette ZAC.
        
L’étude d’impact de juillet 2015 sur la flore, la faune et les habitats, réalisée par Jérôme Chaib (Ecofutur Concept) et Anthony Gourvennec (Fauna-Flora), pour la commune de Donville-les-Bains dans le cadre du projet de cette ZAC, constate la présence d’espèces protégées et d’habitats d’espèces protégées au titre de l’article L. 411-1 du code de l’environnement.
        
Les dispositions de l'article L. 411-1 du code de l'environnement, interdisent notamment la destruction, l'altération, la perturbation intentionnelle d'espèces protégées, et de leurs habitats. Les dispositions de l’article L. 411-2 4° du même code prévoient un système dérogatoire sous condition.
        
Suite à une demande de communication de documents administratifs relatifs à ce projet, vous nous avez répondu par courrier du 23 juin 2017 que le pétitionnaire devait déposer prochainement auprès de vos services un dossier de demande de dérogation au titre de l’article L. 411-2 du code de l’environnement.
         Or, à ce jour, aucun dossier de demande de dérogation au titre de ces dispositions ne semble avoir été déposé.
        
Les dérogations à la protection des espèces protégées et de leurs habitats est une police administrative spéciale, qui, dans le cadre de ce projet de ZAC, relève de votre compétence (voir articles L. 411-1, L. 411-2 du code de l’environnement et les dispositions de l’arrêté ministériel du 19 février 2017 fixant les conditions de demande et d’instruction des dérogations définies au 4° de l’article L. 411-2 du code de l’environnement portant sur des espèces faune et flore sauvages protégées).
        
Des documents, émanant de la Commune et de la société Foncim, laissent à penser que les premiers travaux démarreront prochainement (PIECE X Donville-les-Bains Infos n°36, page 9 et PIECE X appel d’offre Foncim pour les lots 1, 2 et 3 du projet de ZAC).
         En conséquence, nous vous demandons de mettre en demeure le maître d’ouvrage de déposer un dossier de demande de dérogation au titre des dispositions de l’article L. 411-2 du code de l’environnement et de nous tenir informés, notamment en nous communiquant la mise en demeure qui lui sera adressé.
        
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l’expression de ma parfaite considération,
Yves Grall

A propos du film « ZERO PHYTO 100 % BIO » par Joël Bellenfant.



Dans le cadre de la semaine « MANGER BIO ET LOCAL C’EST L’IDEAL » l’association BIO-NORMANDIE présentait en avant première nationale, lundi 25 septembre à AVRANCHES, au star, le dernier documentaire de Guillaume Bodin « ZERO PHYTO 100 % BIO ».
Avant d’en parler et pour faire saliver les absents, je vous livre en préambule le synopsis du film que j’ai récupéré sur le site internet de l’auteur :

Les cantines biologiques se développent presque aussi rapidement que l’arrêt des pesticides dans les communes françaises. Des femmes et des hommes, conscients de leurs responsabilités en termes de santé publique et d’environnement, agissent pour des paysages en transition au travers d’initiatives vertueuses !

PLUS D'INFORMATIONS

Après Insecticide Mon Amour, le réalisateur Guillaume Bodin présente Zéro phyto 100 % bio, son nouveau documentaire. Une enquête passionnante sur plusieurs communes françaises qui n’ont pas attendu l’entrée en vigueur le 1er janvier 2017 de la loi Labbé interdisant l’utilisation de pesticides dans les espaces publics pour changer leurs pratiques. Ce film met aussi en avant les pionniers de la restauration collective biologique et leurs partenaires : associations, entreprises, agriculteurs, ingénieurs, artisans qui ensemble contribuent à l’amélioration de la qualité des repas dans les collectivités. Les associations Générations FuturesBio Consom'acteurs et Agir Pour l'Environnementsont à l'initiative de ce projet.

UNE PETITE RÉVOLUTION EST EN MARCHE DANS LA GESTION DES ESPACES VERTS.

À Versailles, Miramas, Grande-Synthe, Langouët et Laurenan, la présence de pesticides chimiques de synthèse dans les espaces publics est déjà de l’histoire ancienne. À budget constant, voire inférieur, ces villes et villages arrivent à maîtriser les herbes folles autrement et fleurir ou cultiver des surfaces auparavant inutilisées. Cette dynamique écologique renforce les liens sociaux, permet de préserver la santé des techniciens comme des citoyens et engendre d'autres projets, notamment culturels.

Privilégier les espèces vivaces et endémiques, aider les professionnels et les citoyens à adopter de nouveaux réflexes, inciter les entreprises à innover pour mieux répondre aux nouvelles pratiques paysagères sont autant d’actions qui participent à une gestion écologique globale des villes, tout en respectant la santé des habitants.

DU 100 % LOCAL ET BIOLOGIQUE DANS LA RESTAURATION COLLECTIVE, C’EST POSSIBLE !

Le projet de loi imposant 20 % de produits issus de l’agriculture biologique dans la restauration collective n’a pas été adopté au Sénat, mais cela n’a pas empêché certaines communes de prendre les devants.

À Mouans-Sartoux, la régie agricole municipale répond à l'essentiel des besoins alimentaires de la commune. Le reste est fourni par des fermes biologiques locales.

À Langouët comme à Paris, dans les 2e et 5e arrondissements, les élus ont adopté des mesures drastiques pour améliorer la qualité des repas et collaborent étroitement avec des agriculteurs bio et des associations de leur région.

Comme le dit le maire de Barjac, « nourrir, c’est aimer », alors pourquoi « lésiner » quand il s’agit de nourrir nos enfants ? Les populations des hôpitaux, des prisons, des écoles ou des maisons de retraite n’ont-elles pas droit à une alimentation saine et de qualité ?

Conscients de leurs responsabilités en termes de santé publique et d’environnement, ces acteurs de terrain ne livrent pas de solutions toutes prêtes, mais décrivent plutôt les étapes qu’ils ont franchies pour mener à bien leurs projets. Leur expérience montre que toutes les communes, quelles que soient leur taille et leur couleur politique, peuvent changer leurs pratiques.

Un documentaire d’utilité publique à diffuser le plus largement possible.

Tout d’abord il faut constater la qualité de ce documentaire qui vient en complément des films de Marie-Monique Robin, Christian Rouaud, ou Jean-Paul Jaud et notamment « Nos enfants nous accuseront ».

J’ai préféré ce film à celui de Cyril Dion et Mélanie Laurent « Demain » dont les sujets, bien qu’intéressants, sont beaucoup trop lointains, et pour ceux nationaux fixés sur une niche à savoir la permaculture du Bec Héloin.

Ce film est aussi enfin recentré sur ce qui se passe sur notre territoire, qui permet en plus de sensibiliser les consommateurs-citoyens sur les démarches anti-pesticides et sur la nécessité vitale de passer le plus rapidement possible de l’agriculture conventionnelle et productiviste à l’agriculture biologique.

Par ailleurs les organisateurs locaux notamment Emilie DUFOUR avaient tout bien prévu d’abord en faisant venir ce film en première nationale, puisqu’il ne sortira en salles que le 18 janvier 2018, et en assurant un débat avec des producteurs bios locaux, des élus, une cantinière.

Je ne m’étendrai pas sur les qualités indéniables des exemples montrés dans ce documentaire, regrettant toutefois que le maire de Barjac n’ait pas pu parler de l’achat d’une ferme sur la commune pour produire le maximum de légumes et de fruits en bio, mais aussi pour élever de la volaille, et ce n’est pas fini. Mais cela pourrait être un complément à cet excellent documentaire.

Ce film est intéressant à plusieurs titres :

- D’abord pour permettre de faire le point sur la situation des collectivités dont l’utilisation du glyphosate est interdite depuis le 1er janvier 2017 dans les lieux publics, et qui sera interdit d’utilisation par les particuliers à partir du 1er janvier 2019.

D’autant plus qu’une polémique est née lundi à propos du vote par les 28 pays de l’Union Européenne pour prolonger l’autorisation de ce produit pour 10 ans du fait que la France par le truchement du ministre de la transition écologique Hulot doit voter contre cette prolongation.

- Il met l’accent sur le développement de l’approvisionnement en circuits courts (ou le plus courts possibles) pour la restauration collective municipale, soulignant particulièrement les actions des communes de Mouans-Sartoux et de Barjac.

D’ailleurs lors du débat la « cantinière » de l’école de Saint Martin des Champs, accompagnée de l’édile de la commune, ont expliqué comment ils avaient entamé cette démarche, les problèmes qu’ils ont rencontré et qu’ils rencontrent encore notamment pour s’approvisionner au plus près en viande issue de l’agriculture biologique. Ils sont actuellement partiellement en bio (légumes de la ferme des Châtaigneux, Yaourts de St Senier, etc.

- Sur l’agriculture biologique en général et l’approvisionnement en circuit court, il a d’ailleurs été signalé dans le débat, l’étude lancée par la communauté de communes Granville Terre et Mer. Sont intervenus pour parler de leur métier Jean-Christophe CHAPDELAINE de la ferme des Chataigneux, ainsi que notre producteur de yaourts, qui fournit d’ailleurs la cantine (pardon restaurant) scolaire de St Martin des Champs par seaux de 5 kg ce coûte moins cher et évite le gaspillage.

- Sur les états généraux de l’alimentation, grand messe laissée dans les mains du ministre de l’agriculture, mais surtout dans celles de l’agro alimentaire, et du paysan breton Allain, chantre de l’agriculture productiviste et polluante, auxquels les quelques ONG tolérées autour de la table font figures de leurres !

Plusieurs question ont fusé dans la salle sur les coûts, sur les syndicats agricoles, sur le foncier, sur les OGM.

La question du foncier est importante la première intervention est venue de l’ancien conseiller régional vert François Dufour (et futur puisque Travert -ex-PS, devenu Marcheur-  devenu ministre doit laisser sa place aux suivants sur la liste) qui a relevé à juste titre que l’accès au foncier était un vrai problème pour les jeunes en raison de l’augmentation du prix de la terre agricole.

Répondant à une question de la salle sur le rôle de l’association Terres de Liens, il en a salué l’existence et l’action.

Je me suis alors permis d’intervenir pour préciser que ce ne pouvait être qu’une transition, mais pas une fin en soit, que la terre agricole (donc nourricière) doit tout comme l’eau être un bien commun de l’humanité ne pouvant être l’objet de spéculation.

Quelqu’un a dit bêtement qu’il s’agissait de collectivisation ! Ben voyons !

J’ai alors précisé que tel n’était pas le cas, qu’il se trompait d’époque, mais qu’il fallait être extrêmement vigilant lorsque les documents d’urbanisme sont établis pour freiner au maximum la disparition de terres agricoles pour la construction (donc les profits des lotisseurs et promoteurs) pour les zones industrielles, et pour les infrastructures routières.

Je me suis permis de préciser d’ailleurs le rôle néfaste de la toute puissante FNSEA relayée dans le département par son satellite la FDSEA, qui siège majoritairement dans beaucoup trop de structures, à commencer par la SAFER, en laissant partir des terres agricoles (par exemple à l’artisanat sur la commune de la Haye-Pesnel dernièrement, et Brécey il y a peu). Est toujours pendant le dossier très sensible du projet d’urbanisation de la Clémentière à Granville faisant disparaître 34 ha de terres agricoles (prairies naturelles bocagères) de surcroît.

Il est plus que temps que les associations citoyennes et environnementales récupèrent des sièges dans ces structures.

D’ailleurs pour terminer sur ce point très sensible du foncier agricole (et forestier) je reviendrai ultérieurement sur le rôle de la SAFER censée en maîtriser la transmission et le prix (Il suffit de lire la grille des valeurs publiée au Journal Officiel pour constater le laxisme de la SAFER en la matière).

Une question importante et inévitable a été posée par la salle à propos du projet de serres à tomates de Brécey. Si le projet abouti (mais ce serait bien que non) il faut rappeler que lesdites tomates, ce que j’ai précisé, seront cultivées sur du substrat, sans lien aucun avec le sol, artificialisant ainsi une exploitation agricole de 37 ha au total.

Le rôle des politiques a été évoqué également par la salle, l’un des exploitants de la ferme des Carameuh à Vains, n’a pas manqué de rappeler la réélection de du sénateur Bizet pour un 4ème mandat, en soulignant que c’était un défenseur des OGM. (Je me permets d’ajouter qu’avec son ami BAS également réélu se sont deux détricoteurs patentés de la loi Littoral.)

J’ai alors emboité la parole pour précisé que la Manche avait fourni en la personne de Stéphane TRAVERT le ministre macronien de l’agriculture, et qu’il s’était rapidement mis à l’écoute de la toute puissante (pour l’instant) FNSEA dont il défend brillamment les valeurs, y compris contre le ministre d’État Nicolas Hulot.

Enfin il est positif de constater que l’assistance était nombreuse, mais que trois élus seulement avaient jugé utile de la faire le déplacement.

Il va falloir populariser au maximum la diffusion de ce film par le truchement du tissu associatif local permettant d’organiser des débats fructueux sur les sujets exposés dans ce documentaire.
Joël BELLENFANT

mercredi 14 juin 2017

Bergerie de Genets, suite de l'article précédent. Pourquoi il faut renforcer la loi littoral. Par Joël Bellenfant

L’épilogue de ce dossier sensible, puisqu’il démontre, l’entêtement individuel d’un éleveur, à réaliser ce qu’il veut, quand il veut, où il veut, au mépris des lois de la république, et de l’environnement.

Il souligne également l’acharnement des « politicards » qui ont appuyé et soutenu l’éleveur envers et contre tout, mais surtout contre les lois qui avaient été votées auparavant n’hésitant pas en faire voter une complémentaire et spécifique, à ce dossier, malheureusement hors cadre tels qu’en ont jugés les magistrats du Tribunal de Coutances.

L’historique du dossier est largement expliquée et argumentée dans le communiqué de l’association MANCHE NATURE dont il faut souligner le courage et la détermination malgré les attaques et les incompréhension qu’elle a subit de toutes parts.

Globalement le rôle des associations environnementales et naturalistes, c’est d’abord la pédagogie, dans leur mission d’éducation populaire, mais c’est aussi un rôle de vigilance citoyenne, de lanceur d’alerte, de combat juridique.

Ce qui est consternant dans ce dossier c’est effectivement l’attitude des « politicards » car telle est dans ce cas leur dénomination, qui ont soutenu dans leur délire anti-loi littoral, un éleveur à la marge ainsi qu’il a été dit plus haut :

A la marge des organisations agricoles dont aucune n’a levé le petit doigt pour le défendre, signe qu’il y a bien un problème, d’ailleurs il n’est adhérent semble-t-il à aucune d’entre elles !

Mais elles se sont bien gardées de donner un avis sur cette façon de faire.

Arbres coupés sur une propriété privée qui longe le domaine public maritime
A la marge et contre les textes, ah cette loi littoral tant décriée par les sénateurs BIZET et BAS (ce dernier étant président de la commission des lois au Sénat) par le député HUET par les maires successifs de GENETS, mais plus surprenant encore il a reçu le soutien de François DUFOUR, alors conseiller régional (EELV).

Ils portent une responsabilité énorme dans la situation de l’éleveur qu’ils ont encouragé et soutenu dans son entreprise illégale surtout quand on relit la chronologie des événements.

Il est aussi important de souligner le fait que Manche-Nature a tout fait pour qu’une solution soit trouvée.

Les politiques ont montré dans ce domaine outre le soutien à l’éleveur une inertie totale à trouver une solution, curieux non, ou réelle incompétence. L’administration a paraît-il tenté de rechercher un terrain d’accueil pour cette bergerie en bois, donc démontable, mais rien aucune proposition n’a été faite malgré des recherches par la sous préfecture d’Avranches et la DDTM auprès tant des propriétaires fonciers locaux, que de la SAFER.

Par ailleurs dans son plan local d’urbanisme, la mairie de Genêts a purement et simplement de son propre chef sans l’avis de l’autorité environnementale, changé la zone où se trouve la Bergerie ILLEGALE pour passer de zone N à zone As, au mépris des jugements intervenus et bien évidemment au plus mépris pour la loi littoral.

Conclusion :

Les Juges de Coutances ont rejeté au cas présent l’application de l’article L 480-13 du Code de l’Urbanisme (modifié par un amendement parlementaire du 6 août 2015) appelé localement « amendement Cerboney ».

Les auteurs politiques locaux se sont donnés tellement de mal !

Le sénateur BAS a bien tenté il y a peu d’essayer d’amoindrir la loi littoral, en proposant notamment la construction dans les dents creuses du littoral, échec, puisque reporté aux travaux du nouveau parlement, ce qui signifie espérons le un enterrement de première classe, mais il faut rester prudent.

Il faut renforcer et soutenir le travail considérable en faveur de la nature et de l’environnement de Manche-Nature en particulier et des associations environnemental en général.

Joël BELLENFANT

Bergerie de Genêts. La justice condamne le passage en force. Communiqué de presse de Manche Nature.


12-06-2017








Par un jugement du 1er juin 2017, le Tribunal de grande instance de Coutances ordonne la démolition de la bergerie de Genêts, dans un délai de deux mois, considérant l’atteinte portée à la nature et aux paysages marins du littoral. 
La bergerie en question
En 2009, après plusieurs refus de permis de construire, M. Cerbonney a décidé en toute connaissance de cause d’édifier sans autorisation une bergerie d’environ 1 000 m², dans le site classé de la Baie du MontSaint-Michel, site également protégé au titre des espaces remarquables du littoral. Il prenait ainsi un risque inconsidéré. Suite à ce passage en force, et alors que M. Cerbonney dispose d’appuis politiques solides, le maire de Genêts finit par céder et, en 2011, il délivre un permis de construire de régularisation que chacun sait illégal. 

Suite à la procédure initiée par Manche-Nature, le 17 octobre 2014, le Conseil d’État n’a pas admis le pourvoi en cassation, rendant de ce fait définitif l’arrêt de la Cour administrative d’appel annulant ce permis de complaisance. À la suite de cette décision, Manche-Nature s’abstient pourtant d’engager immédiatement une action en démolition et tend la main à M. Cerbonney. 

Des rencontres ont eu lieu avec les élus, puis, le 24 juin 2015, sous la présidence de Madame le Sous-préfet d’Avranches, avec les services de l’État pour permettre la relocalisation de la bergerie dans de bonnes conditions, en prenant en compte la période d’agnelage. Malgré cela, les propositions de Manche-Nature sont rejetées en bloc par M. Cerbonney. 

L’association se heurte à un mur de silence pendant 18 mois et finit donc par engager une action en démolition. Pendant ce temps, M. Cerbonney et ses amis politiques ne sont pas restés inactifs. À la stupéfaction générale, un article du code de l’urbanisme (L.480-13) est modifié, le 6 août 2015, par un amendement parlementaire dans le seul but de tenter de faire échec à la démolition de la désormais célèbre bergerie de Genêts ! 
(Domaine Public Maritime. Interdit aux véhicules mais emprunté par le berger)
Toutefois, les imperfections de la rédaction de l’amendement font échouer la manœuvre. Par son jugement du 1er juin, le Tribunal de grande instance de Coutances ordonne la remise en état des lieux. Le Tribunal condamne ainsi le passage en force et, implicitement, les pratiques de passe-droit et la tentative de manipulation de la loi à des fins personnelles. M. Cerbonney, devra assumer ses choix et bien déménager sa bergerie dans les conditions finalement posées par la justice. 

Retrouvez l’historique de cette affaire sur le site de Manche-Nature à l’adresse :
: http://manchenature.fr/tag/bergerie/

mardi 13 juin 2017

Fervaches. Evolution de la ferme du Rouvray. Par Joël Bellenfant

Les 20 et 21 mai 2017, Christophe et Vincent GOSSELIN ont invité les gens à visiter leur ferme laitière et porcine en marge d’un concours de chiens de troupeaux, située à Fervaches, dans la Manche.

Fin 1989, les frères GOSSELIN reprennent l’exploitation familiale laitière, alors en conventionnel.
Dès 1992 ils adjoignent un atelier porc (naisseur-engraisseur) avec les truies en plein air. Ils embauchent un salarié, construisent un bâtiment pour les truies.

Ils exploitent à ce moment là 70 ha, produisent 380000 l de lait et ont 120 truies.

Les comptes d’exploitation ne sont pas bons, notamment l’atelier porc qui accuse un déficit de 70.000 Frs (1996).
(Trois races de bovins : Normande, Holstein et Simmental) photo : Joël BELLENFANT)
Ils commencent alors une première transition pour les vaches laitières en passant en système herbager et mettent en place un cahier des charges agriculture durable.

Ils décident en2008 d’entamer une conversion bio, qui débutera en mai 2009 pour les bovins et en septembre 2009 pour les porcs. (Les porcs sont de race Landrice et Large White).
Ils obtiennent la certification bio pour les porcs en 2010 et en 2011 pour les bovins.

Actuellement outre les deux associés, deux salariés travaillent sur la ferme à temps plein ce qui leur permet de prendre chacun 4 semaines de congés par an, et de n’assurer une garde le samedi et le dimanche que toutes les 3 semaines.
Ils disposent désormais d’une centaine d’hectares, permettant à la ferme d’être autosuffisante pour les bovins et de n’acheter que 160 tonnes (sur 270 t) de céréales pour les porcs qu’ils transforment eux mêmes en farine sur l’exploitation, leur permettant ainsi de réduire les coûts de production.
(Porcelets à l’engraissement) photo : joël BELLENFANT
La fabrique d’aliments à la ferme pour les porcs a été édifiée en 2011, leur permettant ainsi de répondre aux objectifs de production et d’économiser de l’argent.

Ainsi de ce « moulin » sortent 4 sortes d’aliments pour les truies gestantes, un complémentaire allaitantes, pour les porcs en croissance, et pour les porcs en finition.
Le troupeau bovin est constitué de 70 vaches laitières (Normandes, Holstein et Simmental) produisant 392000 l de lait dont 375000 l vendus à Triballat et 17000 pour l’engraissement des veaux.

Il faut savoir que la plus grosse coopérative de collecte de lait bio est BIOLAIT qui ramasse 1/3 de la production, et que le prix payé est directement fixé et géré par les paysans.
La conduite du troupeau bovin permet de valoriser au maximum les prairies où il passe 10 mois par an, avec apport de foin et d’ensilage d’herbe l’hiver, et de l’affouragement herbe/colza.

L’atelier porc permet en rotation de vendre 600 à 700 porcs gras et 400 à 500 porcelets. Les truies sont remplies par bande de 15 produisant 120 porcelets dont 40 sont vendus et 80 engraissés sur l’exploitation. On constate en visitant cet atelier porcin, la quiétude et le calme qui y règnent, les animaux sont paisibles.
Certains porcs sont abattus et mis sous vide pour être distribués en vente directe, avec un laboratoire pour réaliser pâtés, rillettes et boudins en pots.

Depuis peu l’exploitation s’est équipée sur certains toits de panneaux photovoltaïques leur permettant de vendre 2 fois plus d’électricité qu’ils n’en consomment.

La rigueur de conduite de l’ensemble de la ferme leur permet de valoriser les 15 km de haies, sachant qu’elles se reconstituent tous les 15 ans. Il coupent et déchiquètent 1 km par an. La vente d’un tiers des copeaux finance le travail de coupe et le déchiquetage.
La pugnacité et la maitrise de l’exploitation permet aux deux associés et aux deux salariés de vivre correctement de leur travail.
La visite de cette ferme permet au premier coup d’oeil d’en constater la propreté.
(Partie du linéaire de haies – photo : Joël BELLENFANt

Désormais fort de leur réflexion permanente sur leur travail et la conduite de leur ferme Christophe et Vincent GOSSELIN ont décidé de ne plus s’agrandir. Ils auraient besoin de 55 ha supplémentaires pour produire la totalité des céréales pour les porcs, mais ils préfèrent laisser de la place pour permettre à un (e) jeune de s’installer.

Leur problème à terme sera la transmission de cette ferme dont ils ont la propriété foncière à hauteur de 35 ha avec les bâtiments.
Ceci permet, et d’autres exemples existent dans la Manche et ailleurs, de croire en l’avenir de l’agriculture biologique pour remplacer à terme l’agriculture productiviste.

Conclusion :
Certes l’exemple de cette exploitation bio n’est pas unique, mais il est quelque part intéressant de par la démarche effectuée par les deux fermiers.
a) Lors de la reprise de l’exploitation alors en mode conventionnel ils se sont vite aperçus qu’ils ne tiraient qu’un revenu très faible, avec des charges de production énormes.
En conséquence il sont passé à »l’herbe » pour la nourriture des bovins. L’atelier porc subissait un déficit annuel d’environ 70.000 frs à l’époque, énorme. Là encore la réflexion s’est organisée.
Ils ont très vite rejoint le réseau d’agriculture durable dont l’un des pionniers n’est autre qu’André POCHON.


b) Dès 2008 ils entament pour l’ensemble de l’exploitation une conversion bio dont ils obtiennent la certification bio en 2010 et 2011 comme il a été rappelé ci-dessus.

c) Cela les a amener à développer une gestion collective de la ferme. Certes ils en sont les « patrons » mais tous les matins ils font le point avec les deux salariés afin d’améliorer la conduite des ateliers bovins/lait et porcs, afin également de faire en sorte qu’une certaine qualité de travail, donc de vie règne sur cette exploitation.

d) Ils sont bien inscrits dans la démarche d’avoir à terme à trouver des successeurs pour leur ferme, parfaitement viable et génératrice d’emplois. Ils ont conscience que ce transfert ne sera pas aisé, car possédant 37 ha de foncier, il leur faudra trouver une solution douce pour ce foncier afin de ne pas pénaliser les entrants.

La question du foncier agricole est déjà posée pour les frères Gosselin, d’autant qu’ils ne sont pas les seuls enfants, au niveau de leur exploitation, mais cette réflexion permet également de réfléchir plus longuement et plus largement à cette douloureuse question du foncier agricole. Qui doit le détenir, des propriétaires privés, des groupes financiers, des GFA mutuels ou SCI d’investissement mutualiste, des collectivités locales ? Comment ensuite en assurer la gestion, si possible de manière collective en y associant les représentants de « toutes » les structures agricoles mais aussi des personnes de la société civile (associations environnementalistes, de consommateurs, etc.).
Joël BELLENFANT

mardi 6 juin 2017

Législatives 2017. Granville Environnement a interrogé les candidats de la circonscription Avranches Granville.


La Herberdière à Donville
Dans le cadre des élections législatives nous avons jugé intéressant d'interroger les principaux candidats sur des thèmes environnementaux spécifiques à notre région.


Le questionnaire ci-dessous a été envoyé à Nicolas Ferreira (PS) - Patrick Grimbert, ( la France Insoumise) -  Guénhaël Huet (LR) - Miloud Mansour( PC)  et Bertrand Sorre, LREM)



Tous ont répondu ; vous trouverez leurs réponses ci-après et sans commentaire.
Alain HIRSCHAUER, Président de Granville et Pays de Granville Environnement


Questions posées aux candidats aux législatives de 2017

2ème circonscription de la Manche

1- Êtes – vous prêt à sanctuariser la loi Littoral ?

2- Tous les 10 ans, l’équivalent de la superficie d’un département Français disparaît sous les effets de l’urbanisation, des routes et des surfaces commerciales. Il s’agit de projets inutiles,le plus souvent liés aux intérêts des grands groupes du BTP dont l’intérêt général n’est pas avéré : exemple Europacity, 80 hectares de bonnes terres proches de l’aéroport de Roissy- plus proches de nous, des ZAC couvrant en tout des centaines d’hectares (La Clémentière à Granville) ou la déviation de la RD Avranches – Granville pour laquelle des élargissements seraient suffisants. Des solutions alternatives existent et une croissance sobre en foncier est possible

Voteriez –vous une loi qui, à l’échéance de 5 ans, réduirait de 50 % cette « ponction » sur le territoire ?

3 - Agiriez-vous auprès du ministre des affaires européennes afin que les primes à l’herbe soient supérieures à celle accordées au maïs ?

4 - Quelles mesures proposeriez-vous pour limiter l’installation du  chauffage électrique dans l’habitat neuf ?
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Réponses:

Patrick Grimbert et Claudine Santier:
1 - Ce qui couve après les propositions de la commission sénatoriale ( janvier 2017) défendues notamment par Philippe Bas, Jean Bizet  et même par le député Stéphane Travert, c’est une interprétation locale de la loi, sans cadre législatif contraignant, au plus près des intérêts locaux et des clientèles. Nous n’en voulons pas. Nous sommes donc favorables à la sanctuarisation de la loi. 

2- Nous irons plus loin dans la protection du foncier. Nous voulons diminuer par dix le rythme annuel de consommation de terre ( de 60 000 à 6 000 hectares par an). La Safer, qui a fait son temps, doit être remplacée par des établissements publics fonciers ruraux qui seraient  au service d’une politique favorable au développement de l’agriculture écologique et de la baisse du prix du foncier pour les paysans.

3 -Oui et nous sommes pour une refondation de la PAC et des politiques européennes. Parallèlement, nous mettrons en œuvre un plan national visant à accompagner l’ensemble des agriculteurs dans la transition écologique de l’agriculture. Il sera basé sur l’arrêt des projets de fermes-usines chers au modèle agricole productiviste défendu entre autre par la FNSEA.
Au stade de l'élevage, privilégier l'agriculture paysanne, l'herbe et le plein air signifie plus de paysans, plus d'emplois et une meilleure prise en compte du bien-être animal

4 - Nous souhaitons sortir de l’énergie nucléaire et avoir 100% d’énergies renouvelables  à l’horizon 2050. Fini le nucléaire et les énergies carbonées.
Nous avons conscience que dans l’état actuel des choses, le chauffage au tout électrique est une aberration. 75% de notre production d’électricité vient du nucléaire et le rendement d’une centrale électrique est très faible, donc gaspillage d’énergies carbonées pour la faire fonctionner.
Pour chauffer les maisons, nous proposons que des énergies renouvelables : le biogaz, la géothermie, le solaire et même le bois, ainsi qu’un plan pour isoler au moins 700 000 logements par an. 

Guénhaël Huet:

1 – La notion de « sanctuarisation », ne me convient pas car elle signifie blocage et paralysie. Certains éléments de la loi littoral doivent effectivement être maintenus, mais d’autres peuvent évoluer, notamment la possibilité de construire dans les « dents creuses » situées dans les hameaux.
La nécessaire protection du littoral ne doit en effet pas conduire à un gel ou à une mise sous cloche d’un territoire.



2 – Il convient effectivement de préserver le foncier rural et agricole, et donc de limiter les emprises.
La loi SRU (Solidarité Renouvellement Urbain) a déjà pris des mesures en ce sens, mesures qui ont été transcrites dans les SCOT et les PLU.
Je ne pense pas que loi doive fixer de façon uniforme une règle qui serait applicable dans l’ensemble du territoire mais, plutôt, déterminer un objectif à insérer, ensuite, dans les documents locaux d’urbanisme.


3 – Les mesures agri-environnementales doivent être poursuivies, en concertation avec la profession et dans, le cadre d’une politique agricole globale qui assure aux producteurs des prix justes et rémunérateurs.
Je suis en effet convaincu qu’il ne faut pas définir une politique environnementale « hors sol », c’est-à-dire dépourvue de tout lien avec l’économie agricole.

4 – Il convient d’une part d’accompagner fortement les économies d’énergie et d’autre part, de favoriser l’utilisation des ressources naturelles renouvelables comme le bois et la géothermie.

Bertrand Sorre:
1/ Sanctuariser la loi littorale Pour moi, la loi littorale est une bonne loi qui doit s’appliquer partout et de façon identique en France. Il reste toutefois en suspend la question de certaines dents creuses dans des hameaux (j’ai le cas à St Pair), qu’il serait sans doute possible d’ouvrir à urbanisation.  PLU (voire PLUI), Scot et loi littorale se complètent parfaitement et garantissent une utilisation raisonnée de l’espace agricole, à condition d’être scrupuleusement appliqués.

2/ Voter une loi qui à l’échéance de 5 ans réduit de 50% « les ponctions» sur le territoire  Il faut distinguer les projets utiles au développement du territoire et ceux qui nécessiteraient une meilleure concertation entre collectivités, car se superposant. La multiplication des ZAC sur notre territoire engendre une large consommation de l’espace naturel. Sans doute aurait il mieux fallu une concertation entre les villes et ainsi limiter le nombre de ZAC qui deviennent concurrentielles entre elles et dont certaines, du fait de cette concurrence, auront beaucoup de difficulté à être commercialisée dans un délai respectable. Le PLUI va permettre de mieux gérer et de façon concertée le développement des zones à urbaniser.  Je rappelle toutefois que chaque projet soumis à DUP est conditionné avant approbation à des compensations pour le monde agricole, ce qui est vérifié pour la 2x2 voies AvranchesGranville, à mes yeux utiles pour désenclaver notre territoire de Granville terre et mer à partir de l’A84. Je ne voterai donc pas une loi qui réduit de 50% mais je veillerai à ce que la loi littorale soit respectée et que les compensations pour le monde agricole soient également scrupuleusement respectées.

3/ Agir auprès du Ministre des affaires européennes pour que les primes à l’herbe soient supérieures à celles accordées au maïs Cette mesure me paraît pleine de bon sens et je suis prêt à défendre cette proposition, en concertation avec le monde agricole, bien entendu.

4/ Des mesures pour limiter l’installation du chauffage électrique dans l’habitat neuf Je partage cette idée de limiter fortement l’installation de chauffage électrique dans l’habitat neuf. Il faut tout d’abord rendre plus accessible financièrement les autres modes de chauffage (géothermie, photovoltaïque, pompes à chaleur, bois…). Il faut en parallèle accentuer les mesures financières accordées par l’Etat pour ces autres modes de chauffage (mesures fiscales et/ou prêt à des taux préférentiels et/ou aides directes sous forme de primes). Pour celles déjà existantes, elles sont à prolonger et on peut en concevoir de nouvelles plus avantageuses à mettre en œuvre pour inciter fortement l’utilisation d’énergies propres et durables citées ci-dessus. Le volet information sur ces autres modes de chauffage doit également accompagner systématiquement les personnes qui construisent un bien neuf, pour inciter des choix alternatifs au chauffage électrique

Miloud Mansour:
Bonjour, Nous n'avons jamais vraiment eu le temps de discuter, mais je pense que vous avez pu suivre notre engagement tout au long de ces dernières années. Le fait que Gaëlle s'engage à mes côtés est une vraie marque de confiance et signale très clairement mon engagement écologique.



Je milite pour une restauration collective bio, une régie publique de l'eau, la protection du littorale ( j'ai été le premier à dénoncer le détricotage odieux de M. Huet, la dernière semaine de session parlementaire)... Avec Yann Le Pennec nous avons souvent abordé ces questions en réunion et je suis tout à fait d'accord avec vous sur tous les points que vous avez la gentillesse de me soumettre.



Seule la dernière question me tarabuste. Ce n'est pas tant la question du chauffage électrique qui pose problème que la question du nucléaire. Si on bascule sur du "tout poêle" on obtiendra des rejets significatifs dans l'atmosphère, comme c'est déjà mesuré en Allemagne, et des forêts aux essences uniformes destinées à répondre à une consommation colossale.



Si nous en restons au nucléaire, c'est pire: dangers induits, conflits autour des gisements d'uranium, recyclage impossible... Nous devons donc commencer par valoriser la production électrique par éolienne et par l'EMR. Dans un second temps, là où l'espace le permet, la géothermie doit être encouragée. A l'heure actuelle les normes rt 2012 empêche le constructeur de favoriser l'électrique comme moyen principal de chauffage, c'est très bien (j'en sais quelque chose, je construis en ce moment). Il apparaît d'ailleurs que le meilleur mode de chauffage...

Reste de ne pas chauffer: une bonne isolation est une solution. Le premier encouragement, fiscal ou financier, dans la lignée de nos propositions aux municipales de 2014 est donc de réinvestir les logements vides, notamment en centre-ville. Puis d'aider à une isolation efficace. Mais, au front de gauche, nous n'estimons pas détenir une forme de sagesse universelle. En cas d'élection, il n'est pas interdit de rêver, je commencerai pas consulter les associations comme la votre. Votre travail et votre expertise doivent trouver un relais politique et je serai ce relais. Cordialement, Miloud Mansour


Nicolas Ferreira:
1 - Concernant la loi Littoral, je me retrouve pleinement dans la pétition signée entre autres, par Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Autissier ou encore l'eurodéputée Michèle Rivasi qui propose de ne pas toucher à la loi Littoral, adoptée à l'unanimité du Parlement le 3 janvier 1986 sous le gouvernement Fabius.
2 - Tout simplement oui. Je m'engage à voter toute loi qui ralentira le développement de l'urbanisation sur des terres naturelles, encore vierges de toute construction. Le développement de nos territoires doit se faire de façon raisonnée au profit de ses habitants mais pas au détriment de notre environnement. Je suis, à ce titre, contre l'étalement urbain car celui-ci entraîne, en plus d'une perte de terres agricoles ou naturelles, des coûts énergétiques supplémentaires comme des déplacements motorisés sur de plus longues distances. Il nous faut donc inciter toute densification ou rénovation de l'habitat urbain.
3 - La Normandie a perdu 50% de ses surfaces herbagères depuis 30 ans alors que nous avons une vocation d'élevage à produire, à partir de nos spécificités locales, des produits agricoles et alimentaires nourris à base d'herbe.
Il faut donc amplifier un transfert du premier pilier de la Politique agricole commune (PAC) vers le deuxième pilier pour soutenir massivement les mesures agro-environnementales, c'est à dire tout ce qui se retrouve dans l'autonomie fouragère à partir des systèmes herbagers. Dans le cadre de la politique européenne 2015-2020, un bond supplémentaire a été effectué, couplé à des aides de l'Etat et des aides de la Région. Il faut donc amplifier cela pour que la prime à l'herbe soit beauoup plus conséquente que la prime maïs.

Pour rappel, le premier pilier de la PAC soutien toute activité agricole, le deuxième pilier est lié au développement rural, cela concerne le FEADER (fonds européens agricoles pour le développement rural) qui accompagnent dans les exploitations agricoles pour moderniser les outils et aller vers une sauvegarde toujours plus importante de l'environnement, les fonds FEDER (fonds européens de développement économique et régional) qui soutiennent les collectivités locales dans leurs projets de développement, les fonds FEAMP (fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche) et le FSE (fonds social européen). Ces quatres budgets regroupés dans le second pilier et qui servent directement aux territoires, à la différence du premier pilier qui ne sert qu'aux filières agricoles, doivent donc être absolument augmentés.
4 - Il faut continuer l'aide des régions sur les plans énergie pour aller vers une meilleure sobriété énergétique afin que les bâtiments consomment moins d'énergie. L'Etat doit aussi continuer à intervenir dans un soutien financier aux filières d'énergies renouvelables, auprès des entreprises qui développent et vendent des installations pour que les bâtiments construits aujourd'hui tendent à l'autonomie énergétique. Enfin, l'Etat ne doit pas retirer son aide fiscale mais au contraire, continuer à inciter, par les crédits d'impôts, les particuliers à s'équiper en équipement d'énergie renouvelable mais aussi les collectivités locales, qui pourraient se voir attribuer une aide financière supplémentaire lors de la construction d'équipements publics lorsque ceux-ci sont autonomes en énergie

lundi 5 juin 2017

Modifications du Plan Local d’Urbanisme de Granville. Avis de l’association Granville et Pays de Granville Environnement

Modifications du Plan Local d’Urbanisme de Granville
Avis de l’association Granville et Pays de Granville Environnement

Le document majeur d’un PLU est le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD).

Eu égard à nos objectifs,  nous sommes particulièrements attentifs et exigents au volet environnemental figurant dans ce document.
En page 5, le document aborde le thème du paysage et de l’environnement qui en résume les objectifs principaux de la commune :

« Préambule. Le projet environnemental se construit autour de 3 idées maîtresses :

1- préserver les espaces naturels présentant une grande valeur écologique et paysagère en garantissant leur pérennité sur le long terme.

2- protéger les éléments naturels qui constituent la matrice naturelle de la commune (espaces boisés, cours d'eau, zones humides), dans les zones naturelles précédemment identifiées mais aussi dans la zone rurale au sens large et à l'intérieur du tissu aggloméré.

3 - promouvoir une ville compacte qui garantisse la préservation des terres agricoles et naturelles (gestion économe des sols) tout en rapprochant les habitants des lieux de travail et des lieux de vie (équipements publics, commerces, espaces publics). Ce mode de développement doit ainsi permettre aux habitants de Granville de trouver des alternatives crédibles aux déplacements automobiles (favoriser les déplacements à pied, en vélo ou en transport en commun), il est explicité dans les chapitres suivants mais a des interactions fortes avec la dimension environnementale du PLU. »

Nous souscrivons totalement à ces 3 idées maîtresses qui, malheureusement, ne se déclinent pas concrètement dans les différents projets d’aménagement.
Cet affichage sympathique correspond plutôt à des propos mensongers puisque c’est une politique opposée aux principes des 3 idées maîtresses que la municipalité soumet à l’enquête publique comme le démontrons ci-dessous


1- Urbanisation du site de La Horie

Ce site, d’une superficie de 1,5 hectare , est à l’abandon depuis plusieurs dizaines d’années et il serait logique de l’aménager en respectant son potentiel  environnemental (parc doté d’arbres centenaires) et patrimonial (ensemble de type malouinière et ses dépendances)



                       
Le zonage proposé dans le PLU de 2008 –figure 1- a fait l’objet d’un recours qui a été pris en compte par le préfet ; on observe que la partie nord du terrain comporte un espace boisé classé.
Il nous a paru utile d’en savoir plus en ce qui concerne la nature des arbres et leur état.
Nous avons demandé au propriétaire de pouvoir accèder au site ; cette visite a été organisée le 26 aout 2016, en sa présence.
Notre expert forestier a effectué un rapide diagnostic des arbres de ce parc.
Son avis est le suivant :

Les arbres sont en bon état avec quelques problèmes dus aux embruns essentiellement sur les essences sensibles au sel (marronniers). Il y a eu des élagages mal faits en bordure de propriété.
La présence des murs (environ 6 mètres) explique que certaines espèces soient présentes si près de la mer.
Les plus vieux arbres ont environ 120 ans.
On note la présence de   pin noir d'Autriche - pin parasol ;  érable sycomore – hêtre-  robinier - marronnier d'Inde - tilleul des bois
Toutes ces essences sont courantes dans la région mais rarement si près de la mer. Le type d’arbres et leur état permet de penser qu’ils peuvent vivre encore au moins une trentaine d’années sauf, bien sûr, en cas d’évènement climatique extrème.

En contradiction totale avec le préambule exprimé dans le PADD, le projet retenu est le suivant :
            Suppression de l’EBC situé au nord du terrain
        Création d’un EBC sur les parties ouest et sud du terrain (figure 2) c’est- à –dire que des arbres centenaires seraient remplacés par des baliveaux !
            Classement du nord et de l’est du terrain en 1AUh1, ce qui autorise la construction d’immeubles dont la hauteur au faîtage pourrait atteindre 17 m. 40 à 140 logements pourraient être édifiés
Nous ne sommes pas opposés à l’urbanisation du site depuis trop longtemps abandonné  et situé en entrée de ville.
Le site pourrait sans doute accueillir des constructions, dans sa partie sud dans les conditions suivantes :
-  conservation de l’espace boisé classé, ensemble végétal unique dans Granville,
-   construction de bâtiments dont la hauteur ne devrait pas excéder celle du manoir, édifice caractéristique de l’histoire de Granville qu’il est nécessaire de conserver.
Il est à noter que la CDNPS a  donné un avis défavorable au déclassement de l’EBC existant.


2 – La ZAC de la Clémentière

Les arguments évoqués en faveur du projet reposent sur la démographie et le desserrement des ménages. Il s’appuie également sur le PLH du Pays Granvillais dans lequel il est estimé qu’il est nécessaire de construire 1005 logements durant la prochaine décennie sur le territoire de la Communauté de Communes du Pays Granvillais (CCPG°) hypothèse basée sur une démographie peu réaliste (+1% /an !)
Or, aux 790 logements projetés pour la Clémentière, s’ajoutent 80 lgts à yquelon, 220 à saint Planchers, 180 à saint Pair,  400 à Donville soit en tout 1670 logements !
Ces projets sont connus mais  les porteurs du projet n’en tirent aucune conclusion !
Il y a donc une absence de cohérence dans la politique de l’habitat qui s’appuie sur une fuite en avant inutile et qui profiterait plus aux promoteurs immobiliers qu’à la collectivité qui ne manquera pas d’être sollicitée pour apporter son écot pour les équipements collectifs (école, réseaux, transports, etc…)

-   Les données démographiques sont basées sur des chiffres de 2013 (13104 hab); comparés à 2007 (13000 hab) ces chiffres indiquent une stagnation dont il faut tenir compte
Les autres communes proches du chef lieu de canton connaissent une évolution démographique proche de celui-ci : Donville : 3253 (- 0.3%/2006), Saint Pair 3896 (+1%), Yquelon 1036 (+1.1), saint Planchers 1357 (1.9 %).
Il ressort de ces chiffres que l’argument de la démographie ne justifie pas la construction de 790 logements supplémentaires.

La situation de l’emploi de Granville en 2012 – 4848 emplois- a décru par rapport à 2007 (-6,5 %) et celle de l’agglomération stagne ; le porteur de projet veut accueillir des jeunes et des enfants mais il est évident que c’est l’emploi local qui permet la stabilisation de nos jeunes à Granville  et l’arrivée de familles.
Ceci ne justifie nullement l’extension d’urbanisation envisagée.

Remarque importante : l’idée du projet remonte à 2004, époque marquée par une croissance importante de la construction qui pouvait laisser penser qu’une pénurie de logement serait possible. Or, la situation a malheureusement changé et ce projet, déjà contestable, est devenu en 13 ans inutile.

Les données concernant les SAU, surfaces agricoles datent de 2000 ( !) et pourtant leur évolution représente un problème majeur pour l’emploi et l’environnement de l’agglomération.
Il conviendrait de rappeler les surfaces qui seront stérilisées par les nouvelles ZAC ou lotissements divers évoqués ci-dessus :
La Clémentière : 34,4 ha, Yquelon, 5,2 Ha- St Planchers : 19 Ha- Saint Pair : 14,2 Ha- Donville : 16,2 ha, soit un total de 89 hectares.
En ce qui concerne les zones d’activités, le foncier consommé par la CC du Pays Granvillais  sur la période 2003 - 2009  a représenté  94,86 ha.  Durant la prochaine décennie, la zone commerciale du Taillais (Yquelon) est construite (9.2 ha) mais bien peu utilisée. La ZA du Theil à Saint Planchers est à l’étude (23 ha).

On peut s’étonner de cette frénésie à la construction de ces zones alors que certaines zones existantes comportent des friches commerciales. Outre la stérilisation de terres agricoles cette politique mène à la désertification commerciale des centre-ville. Le document n’aborde aucunement cette consommation d’espace (32 ha) qui s’ajoute à celles des zones de logements.

Il est tout à fait regrettable qu’aucune solution alternative n’ait été pas étudiée contrairement  au concept même de l’enquête publique.
Le nombre de logements vacants sur Granville est de 957; de nombreux appartements sont vides dans le centre-ville en raison de leur vétusté ou leur inadaptation au confort contemporain.
Il est vrai qu’une rénovation urbaine est plus difficile à réaliser pour une commune qui, paresseusement durant la période 2004-2016, a préféré faciliter l’action des promoteurs privés pour accroître le nombre de logements de la commune. L’avantage de la rénovation urbaine est de dynamiser le centre-ville et ses commerces, de mieux utiliser les équipements publics et les réseaux, de favoriser les relations humaines et de limiter l’emploi de l’automobile.
On notera que, bon an mal an, une centaine de logements sont construits à Granville dans les dents creuses, en remplacement de logements vétustes et d’activités commerciales et artisanales délocalisées dans les zones d’activités ou industrielles.
L’environnement foncier de la commune autorise une densification raisonnable de son habitat bien adapté pour la ville-centre de la nouvelle collectivité « Granville Terre et Mer », et préférable à la « banlieuedisation » envisagée de type cité-dortoir.

Madame le commissaire enquêteur, nous vous demandons d’émettre un avis défavorable au projet PLU en particulier en ce qui concerne de ZAC de la Clémentière dont l’analyse bilancielle est nettement négative, car il s’agit d’un mauvais projet du passé et inutile socialement:
-  Il ne tient pas compte ni de la démographie réelle de l’agglomération ni de l’évolution stagnante de l’emploi
- L’édification d’autres extensions urbaines dans l’agglomération ne fait l’objet d’aucun analyse, ni conclusion bien qu’il existe une forte interdépendance entre ces projets,
-     Il stériliserait 35 hectares de terres agricoles,
-   Aucun projet alternatif n’est proposé bien que la rénovation urbaine du centre-ville, entre autres, soit parfaitement envisageable et dynamisante pour l’agglomération,
-          De plus, l’impact financier de la ZAC pèsera sur les finances communales à travers la construction de divers équipements publics ce qui est malvenu dans cette période de budget contraint.

Le projet de ZAC et son aspect utilité publique ont reçu un avis défavorable lors de l’enquête publique menée par M. André NERON (rapport du 2 février 2017- conclusions en annexe)

Malgré cet avis pertinent et fortement argumenté, le Préfet de la Manche est passée outre et ce projet inutile est reconnu d’utilité publique ; le conseil municipal l’a unanimement approuvé mettant en évidence le caractère bétonnier de la classe politique locale. L’affaire n’est pas totalement close car des recours ont été engagés.

3 – La voie verte du Val Es Fleurs

On ne peux que se féliciter de l’abandon de la pénétrante routière (2 X 2 voie) qui avait été envisagée par la municipalité précédente au droit de l’ancienne ferrée. On peux regretter, par contre, la création d’un parking, en face de l’étang contigu au parc animalier(figure 3) qui représente une zone de tranquillité pour les promeneurs et les enfants.



Nous réclamions depuis longtemps la création d’une voie verte au droit de l’ancienne voie ferrée qui devrait à terme rejoindre Donville et Yquelon. Nous avons pris des contacts avec les municipalités concernées qui se sont révélées très favorables à ce projet. Ce dernier, ouvert aux piétons et aux cyclistes, correspondrait à un projet intercommunal qui ferait l’unanimité et il y aurait lieu de le mettre en œuvre rapidement.
On notera une erreur de tracé qui témoigne que les rédacteurs ont, malheureusement, une connaissance trop livresque du territoire communal ; en effet, aux point indiqués en figure 4, la voie ferrée traverse le Boscq et son tracé est situé en rive droite du fleuve ; le tracé envisagé dans le règlement graphique emprunte la voie d’accès à la Soferti, terrain pollué qui, de surcroît, n’appartient pas à la commune.
Il conviendra de modifier de modifier le tracé sur le document définitif.

Figure 4


********************

Il est prévu de créer une nouvelle voie réservée aux piétons et aux vélos le long de la RD 911, route de corniche qui domine la mer et qui relie Granville à Saint Pair ; c’est une très bonne initiative, car longer la mer sur cette route est très dangereux.


4 – Le projet de port

Ce projet, important pour la commune et ses voisines, comporte des volets environnementaux très impactant :
            - le dragage des boues et leur rejet dans la baie contribuera à la dégradation des eaux de baignade déjà de qualité moyenne voire médiocre pour certaines : algues vertes à Saint –Pair et Donville, interdictions ponctuelles de baignade et de pêche à pied . Il n’est pas prévu de mesures compensatoires et il sera toujours possible pour les bateaux basés dans le port de plaisance de rejeter leurs eaux grises dans le milieu naturel  si ces embarcations ne sont pas équipées de cuve ad hoc.
            - l’extension du chantier naval existant nécessiterait la création d‘une plate-forme et l’édification d’un remblai dans une ZNIEF (figure 5)

Il est peu probable que ce remblaiement d’une zone protégée soit compatible avec la loi ; cet aspect du projet n’est pas abordé dans le document .

5– Qualité des eaux

Dans les différentes pièces du document l’excellence environnementale est souvent évoquée. Or, les problèmes de la qualité des eaux –pluviales et de baignade- ne sont pas évoqués explicitement. La production d’un zonage d’assainissement n’est pas obligatoire mais ce type d’annexe informative peut s’avérer utile pour justifier un projet urbain. On observe par contre, qu’en annexe, figure une carte des cours d’eau qui comporte un oubli de taille : le ru du vallon d’Hacqueville qui débouche dans la cale du même nom ; ce ru est toujours en eau et son état détermine la qualité de l’eau de la plage d’Hacqueville.
Dans le cas présent, on peut constater que la collecte des eaux usées est loin d’être parfaite ; quelques exemples :
-   le site de la Roche Gauthier (villa contenant 5 à 6 logements) n’est pas raccordé au réseau de collecte des eaux usées ; celle-ci sont rejetées sur la falaise schisteuse, très fracturée, participant à sa dégradation ; il est vraisemblable que ce rejet n’est pas conforme au règlement du PPR mouvement de terrain, prescrit pour les communes de Donville et Granville(voir annexes du PLU). Le site n’est pas pris en compte  par le SPANC ce qui exclut toute  amélioration. 
-    Certaines rues de la Haute Ville ne comportent pas de réseaux séparatifs et les eaux usées sont collectées avec les eaux pluviales, rejetées dans la mer,  participant ainsi à la dégradation des eaux de baignade.
La municipalité a opté pour une « ville de qualité », ce qui est un objectif louable mais cela ne se traduit pas dans les actions proposées dans le PLU.

6  – Le parking sud

Il est envisagé de construire un parking au sud de la commune, face à l’hôpital (figure 6).  Sa surface proche d’un hectare (8777 m²) amputera un terrain agricole qui sera encore un peu plus morcelé.

Figure 6



Une implantation alternative, moins pénalisante pour l’agriculture, mériterait d’être envisagée ; il s’agit d’un terrain d’une superficie équivalente à celle du projet, encastré, situé entre le parc du château de Grainville et une zone pavillonnaire, accessible par une route existante et un chemin piétonnier qui débouche à proximité de la Cité des Sports.

**********************
 Le projet de PLU est accompagné d’un règlement contraignant que les habitants et constructeurs doivent bien sûr respecter. Malheureusement, certains oublient le règlement et ce au détriment de la collectivité. La municipalité est particulièrement laxiste par rapport à ces manquements.
Exemples :
-     un propriétaire du rez de chaussée de l’ancienne caserne démolit un mur classé pour y installer une terrasse,
-     face au magasin LIDL, dans le cadre d’une rénovation,le propriétraire a construit un mur formé de poteaux et de panneaux en béton, type de cloture rigoureusement interdit par le règlement,
-    dans la vallée de la Saigue, dans un ensemble immobilier initialement employé par un vétérinaire, un garage indépendant des constructions a été édifié dans cette zone naturelle oû cela est interdit. On peut aussi s’interroger sur la légalité du changement de destination des bâtiments (agricole à habitation)

6 – Conclusion

Comme vous le constater, Madame le Commissaire –Enquêteur, nous sommes opposés, en l’état, au projet de PLU proposé; hormis quelques avancées qui concernent « deux voies vertes », le projet n’est pas en cohérence avec les idées maîtresses du PADD.
Aussi nous demandons à l’occasion des questions posées dans le procès verbal de clôture de l’enquête d’interroger Madame le Maire sur les thèmes suivants:
-       abandon du projet actuel de La Horie, conservation des EBC, urbanisation de la zone sud du site,
-      abandon définitif de la ZAC de la Clémentière,
-       abandon du parking du Val Es Fleurs,situé à proximité de l’étang du parc animalier; modification du tracé de la voie verte dans le secteur de la SOFERTI,
-     optimisation du chantier naval afin de ne pas remblayer la ZNEIF; utiliser la méthode du port à sec afin de ne pas accroître le déversement de boues dans la Baie,
-     établir un zonage d’assainissement afin de mettre en évidence les insuffisances actuelles et améliorer la qualité des eaux de la Baie,
-     changer l’implantation du parking sud afin d’optimiser l’emploi des terres agricoles,
-    faire respecter le règlement.

Granville, Le 27 mars 2017

Alain HIRSCHAUER
Président de Granville et Pays de Granville Environnement


Annexe: enquête publique relative à la ZAC de la Clémentiière : avis du commissaire enquêteur

I- Utilité publique du projet d'acquisition et d'aménagement de terrains nécessaires à la création de la ZAC de la Clémentière
Nature du projet:
Sur des terres agricoles situées au sud-est de son territoire communal, Granville souhaite créer une zone d'aménagement concertée de 34,4 ha organisée en écoquartier respectant une densité de 25 constructions par ha et destinée à accueillir 796 logements. Cet aménagement se compose de deux parties loties qui enchâssent une zone humide de 3,5 ha.
En 2006 les élus locaux adoptent ce programme, l'approuvent dans leur PLU de 2008 et lancent une étude en 2009 pour finaliser sa réalisation.
Je constate que :
* L'ensemble des modalités déployées pour l'organisation et le déroulement de cette enquête, satisfait aux régles régissant ce type de procédure.
* Le projet de la Clémentière prévu sur 20 ans est destiné â augmenter l'offre de logements sur Granvitle et à permettre d'agir sur leur prix.
* il est conforme aux documents d'urbanisme5 (PL(1 et SCoT).
* Il vise un triple objectif : préserver l'environnement, contribuer à la transition énergétique et être facteur de cohésion sociale.
* 786 logements seront réalisés à la Clémentière et en parallèle d'autres programmes du territoire granvillais en fourniront simultanément 900 autres. Granville et ses alentours disposeront alors au total de 1686 nouveaux logements .
* Les trois scénarios proposés pour augmenter le nombre de logements sur Granville recourent à l'urbanisation des terres agricoles et évacuent l'option de la réhabilitation urbaine.
*L'étude ne présente pas d'inventaire sur le potentiel de réhabilitation urbaine.
* Les données INSEE ayant permis à l'origine d'arrêter ce projet, n'ont pas été réactualisées.
* La présence d'un gisement de 1343 logements vacants recensés en 2011 par l'INSEE sur le territoire granvillais, constitue une augmentation de 52% par rapport à 2006. À Granville même, l'INSEE en dénombre 977.
* Les projections démographiques établies dans le PADD de 2008 pour l'année 2015, sont inférieures de 1000 personnes par rapport à la population prévue.
* Parmi les trente-neuf interventions du public, aucune ne soutient explicitement la création de cette ZAC.
*Les personnes qui exploitent des terres dans l'emprise désignée souhaitent conserver leur parcelle.
* L'évaluation globale et complète de cet aménagement sur les exploitations agricoles et la mise en oeuvre de mesures compensatoires, n'a pas fait l'objet d'études appropriée.
* La moitié du périmètre de cette ZAC se situe dans l'emprise des servitudes prescrites au titre des monuments historiques et l'architecte des bâtiments de France n'a pas été consulté sur ce projet.* Les 3.5 ha de zone humide sont classés en secteur urbanisable.
* Les prescriptions du code de l'urbanisme en matière de réseau de chaleur n'ont pas été suivies d'effets.* Concernant les économies d'énergie, hormis tes règles d'implantation des bâtiments et le respect de la réglementation thermique, tous les dispositifs, favorisant les économies d'énergie restent à l'initiatives des habitants.
* Les commentaires apportés dans le chapitre 1.4.2 du rapport d'enquête.
J'estime que :* La pertinence de l'opération n'est pas avérée au yeux des personnes venues participer à l'enquête et les justifications des pétitionnaires présentent beaucoup de carences pour être convaincantes.
* L'absence de recensement des gisements existants interdit une comparaison objective avec la solution retenue (quid des dents creuses, triches urbaines susceptibles d'être converties, anciens bâtiments d'activité inutilisés, bâtiments municipaux déclassés, espaces communaux délaissés, friches et bâtiments industriels, entrepôts, logements vacants, anciens commerces, identification des îlots dégradés ou en passe de l'être et qui nécessitent une intervention publique).Cette lacune empêche de savoir si des alternatives existent à l'urbanisation de terres agricoles.
* En omettant de mentionner ces opportunités, le dossier crée une incertitude pénalisante et laisse à penser que l'étude privilégie l'ouverture de nouvelles zones à l'urbanisation en oubliant les reconversions possibles et les capacités à reconstruire la ville sur elle-même.
* L'assortiment de pistes optionnelles et les avantages qu'elles pourraient offrir pour réhabiliter l'urbain sont minorés.* Le dossier élude des solutions alternatives à l'expropriation.
* La fonction première de la Clémentière est de fournir des logements sur Granville et dans la mesure où des solutions urbaines le permettent dans des conditions équivalentes, je regrette qu'elles n'aient pas engendré plus de considération.* Les lotissements périurbains favorisent rarement la réhabilitation de l'immobilier intra-muros mais peuvent par ricochet participer à la dévitalisation et à l'effritement du dynamisme urbain.
* Développer une ville par la réhabilitation représente une ambition louable qui nécessite de l'énergie, des budgets conséquents et une forte détermination politique. La délégation de ce projet à des opérateurs privés présente plus de souplesse, mais elle ne satisfait pas les mêmes objectifs.
* Les responsables pronostiquent que la remise en cause de ce projet hypothéquerait gravement le développement de la commune, mais cet augure paraît audacieux en l'absence de prospectives réactualisées et de diagnostic précis recensant les offres et les disponibilités locales.
* L'étude d'impact n'apporte pas la démonstration que ce projet traduise la démarche la plus adéquate pour développer l'habitat dans la commune.
* En raison de leur datation, les données chiffrées ne paraissent pas suffisamment efficientes pour apprécier l'opportunité de l'opération* Les orientations déclinées dans l'étude d'impact en matière de promotion d'une gestion responsable des ressources et d'une adaptation au changement climatique, n'apportent pas plus d'éléments que ce qu'exige la réglementation.
* La modestie des mesures mentionnées en matière d'économie d'énergie et de réduction d* d'émissions de gaz à effet de serre, révèle un programme immobilier sans doute trop promptement qualifié d'écoquartier.
* En faisant l'économie d'une étude évaluant les possibilité de réaliser un réseau de chaleur, le dossier affiche un volontarisme modéré à l'égard des engagements du développement durable.
* La réalité de l'utilité publique nourrit des doutes qui n'engagent pas à donner un avis favorable et des incertitudes pèsent sur la justification du projet et sur sa faculté à répondre à une situation de fait.
* Les atteintes à la propriété privée et celles liées à la préservation de l'environnement semblent excessives par rapport à l'intérêt présenté par l'opération.
* Les solutions dégagées pour pallier la disparition des surfaces agricoles, demeurent insatisfaisantes.
* Ce projet ne paraît pas résulter d'une démarche ascendante comme en témoignent les réactions du monde agricole et associatif.
Pour gagner de nouveaux habitants la concurrence entre collectivités est âpre et le concept d'écoquartier peut constituer un outil de marketing territorial idéal pour rendre un territoire plus attrayant ou verdir un projet immobilier.
Le projet de la Clémentière présente une vraie rationalité au sens qu'il utilise parfaitement les moyens nécessaires pour exister et aboutir, mais cela n'en fait pas mécaniquement un projet raisonnable et ajusté aux réalités extérieures et humaines. 
Cette procédure de DI7P met en balance le droit de propriété avec l'intérêt public, mais les défauts d'identifications relevés empêchent d'évaluer le potentiel urbain et cela avantage la solution la plus consommatrice d'espace.Je considère que la proportionnalité entre les moyens employés et l'objectif visé nE permet pas d'établir un rapport convaincant.
JE DONNE UN AVIS DEFAV0RABLE à la demande présentée par la commune de Granvi)le pour classer d'utilité publique le projet de création de la ZAC de la Clémentière.
JE SOUHAITE que la collectivité puisse mettre à profit la révision prochaine de son PLU pour réactualiser les diagnostics et s'assurer que son projet demeure toujours en phase avec la situation locale.
Fait à Gouville sur Mer le 2 février 2015.