vendredi 27 juillet 2018

Déviation de Marcey-les-Grèves. FRACTURE IRREMEDIABLE DE BIODIVERSITE

Début juin, la presse locale de Ouest France à la Manche Libre, nous a abondé en articles dithyrambiques sur l’évolution du chantier de contournement de Marcey-les-Grèves, qui part très en amont de ce village pour aboutir en amont de Ponts, provoquant une fracture définitive de la biodiversité du Sud Manche.

Cette déviation forme un des éléments de la future deux fois deux voies entre le sud de Granville et « Avranches ».
En fait elle rejoint directement l’A 84, seuls des ronds points, permettront de sortir vers Marcey, Ponts, donc Avranches.

Et les élus sur les photos de se glorifier de cette réalisation routière, dans un département déjà très largement loti en matière de linéaire routier.
Si au moins cette débauche d’argent et d’espaces agricoles et naturels permettait de supprimer définitivement les poids lourds sur les axes intermédiaires ?



Donc ces élus ne tarissent pas d’éloges pour ce contournement allant du président du Conseil départemental au président de région Morin qui aime à sortir ses formules à deux balles du style « on disait les routes c’est dépassé » et qui depuis qu’il est président de l’association des présidents de régions se verrait bien calife à la place du calife !

C’est le même qui préfère donc le transport routier au transport ferroviaire, et qui se targue de descendre le service public SNCF au profit du privé à commencer par Transdev. Quant à la ligne Paris Granville dont presque tous les guichets sont fermés c’est le cadet de ses soucis.

Quant au maire de St Jean de Haize aussi présent il déclare tout de go « la commune a une vocation agricole. Quand un projet comme cela voit le jour, on a toujours des inquiétudes. On a surtout peur des nuisance. Mais le chantier est accepté par la population. Les agriculteurs ont accepté de céder des terres. C’est d’un intérêt général ». Cela transpire le consensus mais on peut se poser des question sur le fonctionnement démocratique de cette acceptation. Quant aux agriculteurs je ne pense pas qu’ils aient accepté de gaieté de coeur cette nouvelle perte de terres agricoles, dont les élus seraient bien inspiré de nous donner la surface totale.

Quid d’ailleurs de la « compensation impossible » si chère à Pierre Jean Blanchet, chargé du scot du pays de la Baie dans l’inter scot du sud Manche.


Quand aux élus féminins sur les photos c’est pour la parité ou elles ont une réelle compétence en matière d’infrastructures routières ? En tout cas ce n’est pas la protection du bocage qui les étouffe.
Comme si cela ne suffisait pas, dans ce département nanti en routes, sera mis en chantier une trois voies entre Coutances et Saint Lô, et dernièrement un projet de contournement sud-ouest des Pieux se dessine malgré des oppositions fortes et sans nécessité aucune.

Je doute fort que cette année voit une réduction sensible de l’artificialisation des terres agricoles et naturelles.
 


Depuis, et dans un éclair de lucidité, le ministre Hulot de la Transition Ecologique a publié son plan pour la biodiversité, avec pour sous titre « reconquérir la biodiversité, une question de survie pour nos sociétés » magnifique mise en musique, il ne suffit plus que de jouer les partitions.

 Actuellement 65000 ha de terres sont artificialisées chaque année dans le pays.
Le plan Hulot envisage une consommation zéro m², c’est ambitieux certes, et il est clair que nombre de bétonneurs, d’élus peu scrupuleux (souvent pour sauver une fermeture de classe, mais pour combien de temps 2 ans 3 ans!) mais aussi des dirigeants de la FNSEA, qui en amont négocient les pertes d’hectares, en sachant pertinemment que cela mettra en périls les petites exploitations et l’accès à la terre des alternatives à l’agriculture productiviste.
Il prévoit aussi dans les territoires un label « terres saines » pour les communes sans pesticides, mais elles devraient toutes l’être depuis le 1er janvier 2017, cherchez la faille.

Il dit aussi judicieusement en substance vouloir atteindre « l’objectif de zéro artificialisation » bravo il n’y a plus qu’à !
« Nous soutiendrons dans l’inscription pour la loi pour le logement, l’aménagement et le numérique (ELAN) de l’obligation pour les collectivités de lutter contre l’étalement urbain et de favoriser la densification ».

Bien, c’est ce que beaucoup d’associations environnementales font dans les Commissions Départementales de Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (CDPENAF) en examinant les documents d’urbanismes schémas de cohérence territoriale, plans locaux d’urbanisme communaux ou intercommunaux, cartes communales. Mais il faut regretter que ces commissions n’émettent pas un avis conforme plutôt qu’un avis simple.

Et justement il appuie sur ce point dans les termes suivants « Un groupe de travail partenarial sera constitué pour faire des propositions (instruments économiques, mesures réglementaires ou autres) pour favoriser le recyclage urbain, mieux intégrer les enjeux de préservation des espaces naturels et agricoles dans les politiques et documents d’urbanisme. Ce groupe pourra examiner l’opportunité d’étendre l’approche – éviter, réduire, compenser – les impacts sur l’environnement à l’ensemble des projets d’aménagement commercial et logistique.
Il sera appuyé par le comité pour l’économie verte pour identifier des instruments économiques capables de freiner fortement la consommation d’espaces non artificialisés et inciter à la densification des constructions ».

Donc en clair utiliser toutes les friches bâties ou non, et de penser vertical, plutôt qu’horizontal, habitation principale plutôt que secondaire, car quand on voit dans la Manche des communes à 66 % de résidences secondaires, on comprend mieux l’action de citoyens du Morbihan contre ces dérives dont la première et la non accessibilité à la propriété pour les personnes de condition modeste.
 

En conséquence nous attendons après les écrits, les actes pour la préservation de la biodiversité qui malheureusement dans notre département est martyrisée chaque jour.
Nous (associations environnementales) avons de plus en plus de signalements d’atteintes à cette biodiversité sur les arbres, les haies bocagères, les consommations d’espaces inconsidérées voire inacceptables.
Messieurs et Mesdames les élus, écouter un peu plus les voix citoyennes, plutôt que vos intérêts électoraux, donc de pouvoir.
Joël Bellenfant


vendredi 6 juillet 2018

Projet d’extension du port de Granville. Comité de pilotage du 28 juin 2018


Ce comité de pilotage s’adressait aux professionnels du port et aux associations agrées (et bienveillantes ?)
qui s’étaient déjà réunis en 2016.

En tant que citoyen, je me suis invité sans que cela ne pose de problèmes.

Le projet a été présenté dans son principe par le président du CD, son adjoint chargé des ports (Morin jean ?) et un fonctionnaire du CD chargé de l’opération.

Il est prévu de construire une extension  port de plaisance de 450 anneaux au sud du port actuel. Le terre-plain ouest gagnerait 9000 m² (quid du banc des Hermelles ?) et permettrait d’améliorer le fonctionnement du chantier nautique.
L’extension du port de plaisance se ferait sur le bassin d’évolution de CRNG; la surface de ce dernier serait conservée par le creusement du talus (en plus clair, sur la plage, dont les projeteurs pensent qu’il suffit d’excaver pour geler sa géométrie ?- la mise en place d’enrochements permettrait peut-être de limiter le retour à l’état naturel mais la plage de Hérel deviendrait très dangereuse et inaccessible )

Dans le port en eau, deux pontons perpendiculaires au quai nord seraient construits et permettraient l’appontement de 26 bateaux supplémentaires. Des zones couvertes seraient aménagées pour, entre autres la préparation des appâts.

Le président du CD insiste à chaque occasion que le projet du CD  tient compte de l’avis des professionnels et vise à leur améliorer la vie. Il ne précise le coût de location des nouvelles infrastructures dont l’emploi ne sera pas gratuit pour les pêcheurs (les investisseurs ne sont pas des philanthropes)

Le projet intéresse le quai Est (suppression du vrac, ferraille et granulats, qui parait-il ne fonctionne plus) le port de commerce n’est pas totalement supprimé (palettes)
un bâtiment emblématique serait construit au bout du quai sud (le terme palais des congrès n’a pas été employé)

Le comité n’a pas été consulté durant la phase du choix de l’opérateur ( la confidentialité s’imposait) mais jusqu’en décembre 2018, le projet s’affinera avec les avis des professionnels.
La commission permanente a choisi Obéron Expansion et ce, à l’unanimité ( y-a-il une opposition départementale ?, internet permet de constater qu’Obéron expansion est une coquille vide: aucun salarié, 5000 € de capital)
La SA Port-Granville est crée (pdt: M. Delatronchette) et financée par la SODEREF (Crédit mutuel); parmi les actionnaires (non cités) figure l’agent immobilier Foliot bien connu.

L’équipe retenue (Pdt et architectes) détaille leur projet:
Concept d’un “ponton” sur le quai sud sur lequel des “folies”seraient construites, réservé aux piétons et aux commerces. Sous le ponton, pourront circuler les professionnels et les véhicules qui accèdent à la gare maritime; celle-ci ne serait pas modifiée.
L’idée forte est de séparer et ne pas mélanger les flux.
les services (Capitainerie, exploitants du port et autres) seraient regroupés dans un même bâtiment.

Il est prévu de construire:
-         un casino qui remplacerait celui du Plat- Gousset
-         un hôtel 4 étoiles de 80 chambres
-         un hôtel 3 étoiles de 60 chambres
-         Un cinéma multiplex de 5 salles.

Sous ces édifices seraient construits des parkings superposés( un en sous sol, deux en superstructure) ce qui permettrait d’augmenter sensiblement le nombre de places de stationnement

Tout ceci parait bien utopique et bien peu profitable pour les granvillais:
-    utilité d’un nouveau casino ?
-    si les hôtels ne sont pas rentables, on peut toujours les convertir en appartements (que dit le cahier des charges là dessus
-   le cinéma Le Select, doté de 3 salles, fonctionne cahin caha.

Le calendrier serait le suivant (sous réserve que les recours soient purgés!):
         -septembre à décembre 2018, concertation,
         - début 2019, signature du bail à construction
         - PC obtenu fin 2019,
         - Les travaux commenceraient fin 2020,
         - l’extension du port de plaisance se faite en dernier (2024)

En ce qui concerne le financement le groupement prend à sa charge la construction de son ensemble immobilier et réglerait au Département une espèce de soulte  de 700 000 € par an sur 40 ans (Appel à Manifestation d’Intérêt AMI - soit 28 M €). On notera le jargon utilisé adapté pour chacun comprenne bien les termes de l’exposé.

Le groupement bénéficiera aussi d’une AOT (? Autorisation d’Occupation Temporaire)

Rien n’indique que cet AMI sera utilisée par le CD pour financer le port de plaisance dont le coût est estimé à 65 M € et un emprunt devra être contracté pour assurer son financement.
La concession du port actuel arrive à terme en 2019 et le contrat CCI ne sera pas renouvelé; ce sont désormais les Ports de la Manche, dépendant du CD,  qui assurera la gestion de tous les ports du département (14 ports)

Il peut paraître surprenant que le CD dispose des terrains du Domaine Public Maritime qui appartient à l’Etat (aucun accord de l’Etat n’a été évoqué; seul le service des Phares et Balises a précisé qu’il disposait d’installations qui avaient été un peu oubliées).
L’environnement n’a jamais été évoqué, ni la loi Littoral.

Parmi les questions posées, j’en ai retenu deux:
-   les pêcheurs demandent de dérocter le chenal de sortie du port de pêche afin de pouvoir dispose de périodes plus longues pour sortir ou rentrer, en particulier en morte eau. Cette demande avait déjà été formulée en 2016 mais oubliée...
-    les utilisateurs de bateaux sur remorque indiquent que rien n’a été prévu pour eux , ce qui pour les riverains posent des problèmes d’envahissement des parking et des trottoirs.

Aucune réponse apportée à ces problèmes et questions

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Tout ça pour ça ! il s’agit bien d’une opération immobilière quoiqu’en dise le pdt du CD; eu égard à la demande hôtelière locale, il sera toujours temps de transformer les hôtels en appartements en invoquant le manque de rentabilité pourtant prévisible (le projet d’hôtel de saint Pair n’a pas trouvé d’investisseurs.
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Ce nouveau projet, dont le coût pour la commune ne semble pas avoir été évalué (réseaux divers, voirie) ressemble bien à un “éléphant  blanc”-projet inutile-  dont les victimes seraient l’environnement et les contribuables granvillais et Manchots. Il conviendrait que le Département précise les coûts cumulés du projet depuis 2006 (échelle de coût: n millions d’euros).

Les élus vont encore évoqué l’hostilité des associations à leurs projets qui voudraient “mettre la ville sous cloche” (formule répétée n fois). On peut rêver de projets utiles, respectueux de l’environnement et objets de vrais concertations avec la population....
Alain Hirschauer, président de Granville Environnement