Dans le cadre de la semaine « MANGER BIO ET LOCAL C’EST
L’IDEAL » l’association BIO-NORMANDIE présentait en avant première
nationale, lundi 25 septembre à AVRANCHES, au star, le dernier documentaire de
Guillaume Bodin « ZERO PHYTO 100 % BIO ».
Avant d’en parler et pour faire saliver les absents, je vous livre en
préambule le synopsis du film que j’ai récupéré sur le site internet de
l’auteur :
Les cantines biologiques se développent presque
aussi rapidement que l’arrêt des pesticides dans les communes françaises. Des
femmes et des hommes, conscients de leurs responsabilités en termes de santé
publique et d’environnement, agissent pour des paysages en transition au
travers d’initiatives vertueuses !
PLUS D'INFORMATIONS
Après Insecticide Mon Amour, le réalisateur Guillaume Bodin présente Zéro phyto 100 % bio, son nouveau
documentaire. Une enquête passionnante sur plusieurs communes françaises qui
n’ont pas attendu l’entrée en vigueur le 1er janvier 2017 de la loi Labbé interdisant l’utilisation de
pesticides dans les espaces publics pour changer leurs pratiques. Ce film met
aussi en avant les pionniers de la restauration collective biologique et leurs
partenaires : associations, entreprises, agriculteurs, ingénieurs, artisans qui
ensemble contribuent à l’amélioration de la qualité des repas dans les
collectivités. Les associations Générations
Futures, Bio
Consom'acteurs et Agir
Pour l'Environnementsont à l'initiative de ce projet.
UNE PETITE RÉVOLUTION EST EN MARCHE DANS LA GESTION DES ESPACES VERTS.
À Versailles, Miramas, Grande-Synthe, Langouët et Laurenan, la présence
de pesticides chimiques de synthèse dans les espaces publics est déjà de
l’histoire ancienne. À budget constant, voire inférieur, ces villes et villages
arrivent à maîtriser les herbes folles autrement et fleurir ou cultiver des
surfaces auparavant inutilisées. Cette dynamique écologique renforce les liens
sociaux, permet de préserver la santé des techniciens comme des citoyens et
engendre d'autres projets, notamment culturels.
Privilégier les espèces vivaces et endémiques, aider les
professionnels et les citoyens à adopter de nouveaux réflexes, inciter les
entreprises à innover pour mieux répondre aux nouvelles pratiques paysagères
sont autant d’actions qui participent à une gestion écologique globale des
villes, tout en respectant la santé des habitants.
DU 100 % LOCAL ET BIOLOGIQUE DANS LA RESTAURATION COLLECTIVE, C’EST
POSSIBLE !
Le projet de loi imposant 20 % de produits issus de l’agriculture
biologique dans la restauration collective n’a pas été adopté au Sénat, mais
cela n’a pas empêché certaines communes de prendre les devants.
À Mouans-Sartoux, la régie agricole municipale répond à l'essentiel
des besoins alimentaires de la commune. Le reste est fourni par des fermes
biologiques locales.
À Langouët comme à Paris, dans les 2e et 5e arrondissements, les
élus ont adopté des mesures drastiques pour améliorer la qualité des repas et
collaborent étroitement avec des agriculteurs bio et des associations de leur
région.
Comme le dit le maire de Barjac, « nourrir, c’est aimer », alors
pourquoi « lésiner » quand il s’agit de nourrir nos enfants ? Les populations
des hôpitaux, des prisons, des écoles ou des maisons de retraite n’ont-elles
pas droit à une alimentation saine et de qualité ?
Conscients de leurs responsabilités en termes de santé publique et
d’environnement, ces acteurs de terrain ne livrent pas de solutions toutes
prêtes, mais décrivent plutôt les étapes qu’ils ont franchies pour mener à bien
leurs projets. Leur expérience montre que toutes les communes, quelles que
soient leur taille et leur couleur politique, peuvent changer leurs pratiques.
Un documentaire d’utilité publique à diffuser le
plus largement possible.
Tout d’abord il faut constater la qualité de ce
documentaire qui vient en complément des films de Marie-Monique Robin,
Christian Rouaud, ou Jean-Paul Jaud et notamment « Nos enfants nous
accuseront ».
J’ai préféré ce film à celui de Cyril Dion et
Mélanie Laurent « Demain » dont les sujets, bien qu’intéressants,
sont beaucoup trop lointains, et pour ceux nationaux fixés sur une niche à
savoir la permaculture du Bec Héloin.
Ce film est aussi enfin recentré sur ce qui se
passe sur notre territoire, qui permet en plus de sensibiliser les
consommateurs-citoyens sur les démarches anti-pesticides et sur la nécessité
vitale de passer le plus rapidement possible de l’agriculture conventionnelle
et productiviste à l’agriculture biologique.
Par ailleurs les organisateurs locaux notamment
Emilie DUFOUR avaient tout bien prévu d’abord en faisant venir ce film en
première nationale, puisqu’il ne sortira en salles que le 18 janvier 2018, et
en assurant un débat avec des producteurs bios locaux, des élus, une
cantinière.
Je ne m’étendrai pas sur les qualités indéniables
des exemples montrés dans ce documentaire, regrettant toutefois que le maire de
Barjac n’ait pas pu parler de l’achat d’une ferme sur la commune pour produire
le maximum de légumes et de fruits en bio, mais aussi pour élever de la
volaille, et ce n’est pas fini. Mais cela pourrait être un complément à cet
excellent documentaire.
Ce film est intéressant à plusieurs titres :
- D’abord pour permettre de faire le point sur la
situation des collectivités dont l’utilisation du glyphosate est interdite
depuis le 1er janvier
2017 dans les lieux publics, et qui sera interdit d’utilisation par les
particuliers à partir du 1er janvier 2019.
D’autant plus qu’une polémique est née lundi à
propos du vote par les 28 pays de l’Union Européenne pour prolonger
l’autorisation de ce produit pour 10 ans du fait que la France par le
truchement du ministre de la transition écologique Hulot doit voter contre
cette prolongation.
- Il met l’accent sur le développement de
l’approvisionnement en circuits courts (ou le plus courts possibles) pour la
restauration collective municipale, soulignant particulièrement les actions des
communes de Mouans-Sartoux et de Barjac.
D’ailleurs lors du débat la
« cantinière » de l’école de Saint Martin des Champs, accompagnée de
l’édile de la commune, ont expliqué comment ils avaient entamé cette démarche,
les problèmes qu’ils ont rencontré et qu’ils rencontrent encore notamment pour
s’approvisionner au plus près en viande issue de l’agriculture biologique. Ils
sont actuellement partiellement en bio (légumes de la ferme des Châtaigneux,
Yaourts de St Senier, etc.
- Sur l’agriculture biologique en général et
l’approvisionnement en circuit court, il a d’ailleurs été signalé dans le
débat, l’étude lancée par la communauté de communes Granville Terre et Mer.
Sont intervenus pour parler de leur métier Jean-Christophe CHAPDELAINE de la
ferme des Chataigneux, ainsi que notre producteur de yaourts, qui fournit
d’ailleurs la cantine (pardon restaurant) scolaire de St Martin des Champs par
seaux de 5 kg ce coûte moins cher et évite le gaspillage.
- Sur les états généraux de l’alimentation, grand
messe laissée dans les mains du ministre de l’agriculture, mais surtout dans
celles de l’agro alimentaire, et du paysan breton Allain, chantre de
l’agriculture productiviste et polluante, auxquels les quelques ONG tolérées
autour de la table font figures de leurres !
Plusieurs question ont fusé dans la salle sur les
coûts, sur les syndicats agricoles, sur le foncier, sur les OGM.
La question du foncier est importante la première
intervention est venue de l’ancien conseiller régional vert François Dufour (et
futur puisque Travert -ex-PS, devenu Marcheur-
devenu ministre doit laisser sa place aux suivants sur la liste) qui a
relevé à juste titre que l’accès au foncier était un vrai problème pour les
jeunes en raison de l’augmentation du prix de la terre agricole.
Répondant à une question de la salle sur le rôle
de l’association Terres de Liens, il en a salué l’existence et l’action.
Je me suis alors permis d’intervenir pour préciser
que ce ne pouvait être qu’une transition, mais pas une fin en soit, que la
terre agricole (donc nourricière) doit tout comme l’eau être un bien commun de
l’humanité ne pouvant être l’objet de spéculation.
Quelqu’un a dit bêtement qu’il s’agissait de
collectivisation ! Ben voyons !
J’ai alors précisé que tel n’était pas le cas,
qu’il se trompait d’époque, mais qu’il fallait être extrêmement vigilant
lorsque les documents d’urbanisme sont établis pour freiner au maximum la
disparition de terres agricoles pour la construction (donc les profits des
lotisseurs et promoteurs) pour les zones industrielles, et pour les
infrastructures routières.
Je me suis permis de préciser d’ailleurs le rôle
néfaste de la toute puissante FNSEA relayée dans le département par son
satellite la FDSEA, qui siège majoritairement dans beaucoup trop de structures,
à commencer par la SAFER, en laissant partir des terres agricoles (par exemple
à l’artisanat sur la commune de la Haye-Pesnel dernièrement, et Brécey il y a
peu). Est toujours pendant le dossier très sensible du projet d’urbanisation de
la Clémentière à Granville faisant disparaître 34 ha de terres agricoles
(prairies naturelles bocagères) de surcroît.
Il est plus que temps que les associations
citoyennes et environnementales récupèrent des sièges dans ces structures.
D’ailleurs pour terminer sur ce point très
sensible du foncier agricole (et forestier) je reviendrai ultérieurement sur le
rôle de la SAFER censée en maîtriser la transmission et le prix (Il suffit de
lire la grille des valeurs publiée au Journal Officiel pour constater le
laxisme de la SAFER en la matière).
Une question importante et inévitable a été posée
par la salle à propos du projet de serres à tomates de Brécey. Si le projet
abouti (mais ce serait bien que non) il faut rappeler que lesdites tomates, ce
que j’ai précisé, seront cultivées sur du substrat, sans lien aucun avec le
sol, artificialisant ainsi une exploitation agricole de 37 ha au total.
Le rôle des politiques a été évoqué également par
la salle, l’un des exploitants de la ferme des Carameuh à Vains, n’a pas manqué
de rappeler la réélection de du sénateur Bizet pour un 4ème mandat, en
soulignant que c’était un défenseur des OGM. (Je me permets d’ajouter qu’avec
son ami BAS également réélu se sont deux détricoteurs patentés de la loi
Littoral.)
J’ai alors emboité la parole pour précisé que la
Manche avait fourni en la personne de Stéphane TRAVERT le ministre macronien de
l’agriculture, et qu’il s’était rapidement mis à l’écoute de la toute puissante
(pour l’instant) FNSEA dont il défend brillamment les valeurs, y compris contre
le ministre d’État Nicolas Hulot.
Enfin il est positif de constater que
l’assistance était nombreuse, mais que trois élus seulement avaient jugé utile
de la faire le déplacement.
Il va falloir populariser au maximum la diffusion
de ce film par le truchement du tissu associatif local permettant d’organiser
des débats fructueux sur les sujets exposés dans ce documentaire.
Joël BELLENFANT