mardi 6 juin 2017

Législatives 2017. Granville Environnement a interrogé les candidats de la circonscription Avranches Granville.


La Herberdière à Donville
Dans le cadre des élections législatives nous avons jugé intéressant d'interroger les principaux candidats sur des thèmes environnementaux spécifiques à notre région.


Le questionnaire ci-dessous a été envoyé à Nicolas Ferreira (PS) - Patrick Grimbert, ( la France Insoumise) -  Guénhaël Huet (LR) - Miloud Mansour( PC)  et Bertrand Sorre, LREM)



Tous ont répondu ; vous trouverez leurs réponses ci-après et sans commentaire.
Alain HIRSCHAUER, Président de Granville et Pays de Granville Environnement


Questions posées aux candidats aux législatives de 2017

2ème circonscription de la Manche

1- Êtes – vous prêt à sanctuariser la loi Littoral ?

2- Tous les 10 ans, l’équivalent de la superficie d’un département Français disparaît sous les effets de l’urbanisation, des routes et des surfaces commerciales. Il s’agit de projets inutiles,le plus souvent liés aux intérêts des grands groupes du BTP dont l’intérêt général n’est pas avéré : exemple Europacity, 80 hectares de bonnes terres proches de l’aéroport de Roissy- plus proches de nous, des ZAC couvrant en tout des centaines d’hectares (La Clémentière à Granville) ou la déviation de la RD Avranches – Granville pour laquelle des élargissements seraient suffisants. Des solutions alternatives existent et une croissance sobre en foncier est possible

Voteriez –vous une loi qui, à l’échéance de 5 ans, réduirait de 50 % cette « ponction » sur le territoire ?

3 - Agiriez-vous auprès du ministre des affaires européennes afin que les primes à l’herbe soient supérieures à celle accordées au maïs ?

4 - Quelles mesures proposeriez-vous pour limiter l’installation du  chauffage électrique dans l’habitat neuf ?
------------------------------------------------------------------------------------

Réponses:

Patrick Grimbert et Claudine Santier:
1 - Ce qui couve après les propositions de la commission sénatoriale ( janvier 2017) défendues notamment par Philippe Bas, Jean Bizet  et même par le député Stéphane Travert, c’est une interprétation locale de la loi, sans cadre législatif contraignant, au plus près des intérêts locaux et des clientèles. Nous n’en voulons pas. Nous sommes donc favorables à la sanctuarisation de la loi. 

2- Nous irons plus loin dans la protection du foncier. Nous voulons diminuer par dix le rythme annuel de consommation de terre ( de 60 000 à 6 000 hectares par an). La Safer, qui a fait son temps, doit être remplacée par des établissements publics fonciers ruraux qui seraient  au service d’une politique favorable au développement de l’agriculture écologique et de la baisse du prix du foncier pour les paysans.

3 -Oui et nous sommes pour une refondation de la PAC et des politiques européennes. Parallèlement, nous mettrons en œuvre un plan national visant à accompagner l’ensemble des agriculteurs dans la transition écologique de l’agriculture. Il sera basé sur l’arrêt des projets de fermes-usines chers au modèle agricole productiviste défendu entre autre par la FNSEA.
Au stade de l'élevage, privilégier l'agriculture paysanne, l'herbe et le plein air signifie plus de paysans, plus d'emplois et une meilleure prise en compte du bien-être animal

4 - Nous souhaitons sortir de l’énergie nucléaire et avoir 100% d’énergies renouvelables  à l’horizon 2050. Fini le nucléaire et les énergies carbonées.
Nous avons conscience que dans l’état actuel des choses, le chauffage au tout électrique est une aberration. 75% de notre production d’électricité vient du nucléaire et le rendement d’une centrale électrique est très faible, donc gaspillage d’énergies carbonées pour la faire fonctionner.
Pour chauffer les maisons, nous proposons que des énergies renouvelables : le biogaz, la géothermie, le solaire et même le bois, ainsi qu’un plan pour isoler au moins 700 000 logements par an. 

Guénhaël Huet:

1 – La notion de « sanctuarisation », ne me convient pas car elle signifie blocage et paralysie. Certains éléments de la loi littoral doivent effectivement être maintenus, mais d’autres peuvent évoluer, notamment la possibilité de construire dans les « dents creuses » situées dans les hameaux.
La nécessaire protection du littoral ne doit en effet pas conduire à un gel ou à une mise sous cloche d’un territoire.



2 – Il convient effectivement de préserver le foncier rural et agricole, et donc de limiter les emprises.
La loi SRU (Solidarité Renouvellement Urbain) a déjà pris des mesures en ce sens, mesures qui ont été transcrites dans les SCOT et les PLU.
Je ne pense pas que loi doive fixer de façon uniforme une règle qui serait applicable dans l’ensemble du territoire mais, plutôt, déterminer un objectif à insérer, ensuite, dans les documents locaux d’urbanisme.


3 – Les mesures agri-environnementales doivent être poursuivies, en concertation avec la profession et dans, le cadre d’une politique agricole globale qui assure aux producteurs des prix justes et rémunérateurs.
Je suis en effet convaincu qu’il ne faut pas définir une politique environnementale « hors sol », c’est-à-dire dépourvue de tout lien avec l’économie agricole.

4 – Il convient d’une part d’accompagner fortement les économies d’énergie et d’autre part, de favoriser l’utilisation des ressources naturelles renouvelables comme le bois et la géothermie.

Bertrand Sorre:
1/ Sanctuariser la loi littorale Pour moi, la loi littorale est une bonne loi qui doit s’appliquer partout et de façon identique en France. Il reste toutefois en suspend la question de certaines dents creuses dans des hameaux (j’ai le cas à St Pair), qu’il serait sans doute possible d’ouvrir à urbanisation.  PLU (voire PLUI), Scot et loi littorale se complètent parfaitement et garantissent une utilisation raisonnée de l’espace agricole, à condition d’être scrupuleusement appliqués.

2/ Voter une loi qui à l’échéance de 5 ans réduit de 50% « les ponctions» sur le territoire  Il faut distinguer les projets utiles au développement du territoire et ceux qui nécessiteraient une meilleure concertation entre collectivités, car se superposant. La multiplication des ZAC sur notre territoire engendre une large consommation de l’espace naturel. Sans doute aurait il mieux fallu une concertation entre les villes et ainsi limiter le nombre de ZAC qui deviennent concurrentielles entre elles et dont certaines, du fait de cette concurrence, auront beaucoup de difficulté à être commercialisée dans un délai respectable. Le PLUI va permettre de mieux gérer et de façon concertée le développement des zones à urbaniser.  Je rappelle toutefois que chaque projet soumis à DUP est conditionné avant approbation à des compensations pour le monde agricole, ce qui est vérifié pour la 2x2 voies AvranchesGranville, à mes yeux utiles pour désenclaver notre territoire de Granville terre et mer à partir de l’A84. Je ne voterai donc pas une loi qui réduit de 50% mais je veillerai à ce que la loi littorale soit respectée et que les compensations pour le monde agricole soient également scrupuleusement respectées.

3/ Agir auprès du Ministre des affaires européennes pour que les primes à l’herbe soient supérieures à celles accordées au maïs Cette mesure me paraît pleine de bon sens et je suis prêt à défendre cette proposition, en concertation avec le monde agricole, bien entendu.

4/ Des mesures pour limiter l’installation du chauffage électrique dans l’habitat neuf Je partage cette idée de limiter fortement l’installation de chauffage électrique dans l’habitat neuf. Il faut tout d’abord rendre plus accessible financièrement les autres modes de chauffage (géothermie, photovoltaïque, pompes à chaleur, bois…). Il faut en parallèle accentuer les mesures financières accordées par l’Etat pour ces autres modes de chauffage (mesures fiscales et/ou prêt à des taux préférentiels et/ou aides directes sous forme de primes). Pour celles déjà existantes, elles sont à prolonger et on peut en concevoir de nouvelles plus avantageuses à mettre en œuvre pour inciter fortement l’utilisation d’énergies propres et durables citées ci-dessus. Le volet information sur ces autres modes de chauffage doit également accompagner systématiquement les personnes qui construisent un bien neuf, pour inciter des choix alternatifs au chauffage électrique

Miloud Mansour:
Bonjour, Nous n'avons jamais vraiment eu le temps de discuter, mais je pense que vous avez pu suivre notre engagement tout au long de ces dernières années. Le fait que Gaëlle s'engage à mes côtés est une vraie marque de confiance et signale très clairement mon engagement écologique.



Je milite pour une restauration collective bio, une régie publique de l'eau, la protection du littorale ( j'ai été le premier à dénoncer le détricotage odieux de M. Huet, la dernière semaine de session parlementaire)... Avec Yann Le Pennec nous avons souvent abordé ces questions en réunion et je suis tout à fait d'accord avec vous sur tous les points que vous avez la gentillesse de me soumettre.



Seule la dernière question me tarabuste. Ce n'est pas tant la question du chauffage électrique qui pose problème que la question du nucléaire. Si on bascule sur du "tout poêle" on obtiendra des rejets significatifs dans l'atmosphère, comme c'est déjà mesuré en Allemagne, et des forêts aux essences uniformes destinées à répondre à une consommation colossale.



Si nous en restons au nucléaire, c'est pire: dangers induits, conflits autour des gisements d'uranium, recyclage impossible... Nous devons donc commencer par valoriser la production électrique par éolienne et par l'EMR. Dans un second temps, là où l'espace le permet, la géothermie doit être encouragée. A l'heure actuelle les normes rt 2012 empêche le constructeur de favoriser l'électrique comme moyen principal de chauffage, c'est très bien (j'en sais quelque chose, je construis en ce moment). Il apparaît d'ailleurs que le meilleur mode de chauffage...

Reste de ne pas chauffer: une bonne isolation est une solution. Le premier encouragement, fiscal ou financier, dans la lignée de nos propositions aux municipales de 2014 est donc de réinvestir les logements vides, notamment en centre-ville. Puis d'aider à une isolation efficace. Mais, au front de gauche, nous n'estimons pas détenir une forme de sagesse universelle. En cas d'élection, il n'est pas interdit de rêver, je commencerai pas consulter les associations comme la votre. Votre travail et votre expertise doivent trouver un relais politique et je serai ce relais. Cordialement, Miloud Mansour


Nicolas Ferreira:
1 - Concernant la loi Littoral, je me retrouve pleinement dans la pétition signée entre autres, par Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Autissier ou encore l'eurodéputée Michèle Rivasi qui propose de ne pas toucher à la loi Littoral, adoptée à l'unanimité du Parlement le 3 janvier 1986 sous le gouvernement Fabius.
2 - Tout simplement oui. Je m'engage à voter toute loi qui ralentira le développement de l'urbanisation sur des terres naturelles, encore vierges de toute construction. Le développement de nos territoires doit se faire de façon raisonnée au profit de ses habitants mais pas au détriment de notre environnement. Je suis, à ce titre, contre l'étalement urbain car celui-ci entraîne, en plus d'une perte de terres agricoles ou naturelles, des coûts énergétiques supplémentaires comme des déplacements motorisés sur de plus longues distances. Il nous faut donc inciter toute densification ou rénovation de l'habitat urbain.
3 - La Normandie a perdu 50% de ses surfaces herbagères depuis 30 ans alors que nous avons une vocation d'élevage à produire, à partir de nos spécificités locales, des produits agricoles et alimentaires nourris à base d'herbe.
Il faut donc amplifier un transfert du premier pilier de la Politique agricole commune (PAC) vers le deuxième pilier pour soutenir massivement les mesures agro-environnementales, c'est à dire tout ce qui se retrouve dans l'autonomie fouragère à partir des systèmes herbagers. Dans le cadre de la politique européenne 2015-2020, un bond supplémentaire a été effectué, couplé à des aides de l'Etat et des aides de la Région. Il faut donc amplifier cela pour que la prime à l'herbe soit beauoup plus conséquente que la prime maïs.

Pour rappel, le premier pilier de la PAC soutien toute activité agricole, le deuxième pilier est lié au développement rural, cela concerne le FEADER (fonds européens agricoles pour le développement rural) qui accompagnent dans les exploitations agricoles pour moderniser les outils et aller vers une sauvegarde toujours plus importante de l'environnement, les fonds FEDER (fonds européens de développement économique et régional) qui soutiennent les collectivités locales dans leurs projets de développement, les fonds FEAMP (fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche) et le FSE (fonds social européen). Ces quatres budgets regroupés dans le second pilier et qui servent directement aux territoires, à la différence du premier pilier qui ne sert qu'aux filières agricoles, doivent donc être absolument augmentés.
4 - Il faut continuer l'aide des régions sur les plans énergie pour aller vers une meilleure sobriété énergétique afin que les bâtiments consomment moins d'énergie. L'Etat doit aussi continuer à intervenir dans un soutien financier aux filières d'énergies renouvelables, auprès des entreprises qui développent et vendent des installations pour que les bâtiments construits aujourd'hui tendent à l'autonomie énergétique. Enfin, l'Etat ne doit pas retirer son aide fiscale mais au contraire, continuer à inciter, par les crédits d'impôts, les particuliers à s'équiper en équipement d'énergie renouvelable mais aussi les collectivités locales, qui pourraient se voir attribuer une aide financière supplémentaire lors de la construction d'équipements publics lorsque ceux-ci sont autonomes en énergie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire